TROIS QUESTIONS À
Nicolas Balon, associé chez Capitalmind Investec
Propos recueillis par Jessica Huynh, CosmétiqueMag Hebdo, Juin 2020
Plusieurs fusions-acquisitions ont été finalisées depuis le début de la crise sanitaire. Est-ce selon vous surprenant ou attendu ?
Une acquisition passe par plusieurs phases : entre la signature (signing) et la clôture (closing), il peut se passer quelques jours à plusieurs semaines. Plusieurs opérations ont donc pu être signées avant le confinement et mécaniquement se concrétiser pendant. En parallèle, d’autres ont été interrompues. Pour certains rachats dont les discussions ont été commencées avant et qui n’auraient pas franchi la phase de signing, les acheteurs peuvent facilement quitter la table des négociations. Pour d’autres qui auraient fait l’objet d’un signing, l’acheteur peut se libérer de l’accord en faisant jouer quelques astuces juridiques.
La crise sanitaire peut-elle avoir un impact sur les prix des entreprises ?
La valeur d’une entreprise, c’est le reflet de l’anticipation de ses résultats futurs. Dans la beauté, on observait pré-Covid des multiples de valorisation allant de 2 à 5 fois le chiffre d’affaires et / ou 10 à 20 fois l’EBITDA pour les marques. Actuellement, les entreprises de packaging cotées qui dégagent en moyenne une rentabilité d’exploitation (de l’ordre de 15 % d’EBITDA et 10 % d’EBIT en 2019) et une croissance historique de +4 à 5 % par an sur les trois dernières années (avant impact Covid) valent autour de 9 fois l’EBITDA et 13 fois l’EBIT, avec toutefois des disparités importantes. Fatalement, le Covid-19 va avoir un impact sur les prix. Ce phénomène reste à mon sens plutôt conjoncturel et devrait se corriger sous 18 à 24 mois.
Les fusions-acquisitions vont-elles rapidement reprendre, une fois la crise derrière nous ?
Le volume d’opérations va clairement être en retrait en 2020. Les actionnaires d’entreprises sont aujourd’hui davantage préoccupés par la gestion de la crise pour limiter les impacts pour leur entreprise que par des réflexions de cession. Ceux qui y pensaient ou qui venaient de lancer la cession vont avoir du mal à atteindre leurs objectifs de prix. Après un gros coup de frein en 2020, nous pensons que le volume de transactions repartira progressivement au deuxième semestre 2021 pour revenir à la normale en 2022.
Le dossier complet du magazine, dédié à l’impact du Covid19 sur le secteur des cosmétiques, est téléchargeable ici